Le militantisme, la conquête du pouvoir, la prison, l’acquittement… L’ancien président de la Côte d’Ivoire Laurent Gbagbo aura triomphé de multiples combats au cours de sa longue et tortueuse carrière.
Détenu au quartier pénitentiaire de la Cour pénale internationale depuis le 30 novembre 2011, Laurent Gbagbo, 73 ans, est le premier ancien chef d’état à avoir été remis à la Cour puis acquitté.
Animal politique
Sous des airs bonhommes, Laurent Gbagbo cache une volonté de fer et une énergie féroce. En 2010, à l’issue de la présidentielle du 28 novembre, le président sortant de la Côte d’Ivoire refuse obstinément de s’avouer vaincu. Il tient tête pendant quatre mois à son ennemi Alassane Ouattara et à la communauté internationale, quitte à plonger le pays dans la crise.
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Le 3 décembre, le Conseil constitutionnel, acquis à sa cause, proclame la victoire de Laurent Gbagbo avec 51,45 %, invalidant les résultats de la commission électorale, pourtant « certifiés » par l’ONU, et qui donnaient Alassane Ouattara vainqueur (54,1 %).
Encerclé dans sa résidence présidentielle d’Abidjan avec son épouse Simone, son fils Michel et une poignée de fidèles, Laurent Gbagbo « se battra jusqu’à son dernier souffle », a prévenu l’un de ses proches au tout début de la crise post-électorale. Le 11 avril 2011, alors que les combats font rage depuis une dizaine de jours dans le quartier de Cocody, les soldats pro-Ouattara avancent au sol, appuyés par l’armée française et la Mission des Nations Unies (Onuci) et arrêtent Laurent Gbagbo. Il est conduit à l’Hôtel du Golf, quartier général et siège de campagne d’Alassane Ouattara, avant d’être transféré dans le nord du pays où il est assigné à résidence pendant huit mois, avant d’être transféré à la Haye.
Militant syndical
Laurent Gbagbo a beaucoup appris de ses longues années d’opposition face au président Félix Houphouët-Boigny (mort en 1993), le « père de la Nation », longtemps premier relais de la France en Afrique subsaharienne. Né le 31 mai 1945, éduqué au séminaire et historien de formation, Laurent Gbagbo irrite rapidement le pouvoir par son activisme syndical.
Incorporé de force, emprisonné, il s’exile en France dans les années 1980, après avoir fondé clandestinement le Front populaire ivoirien (FPI). Membre de l’ethnie bété (ouest), exclue du partage traditionnel du pouvoir, il se lance ouvertement en politique en 1990 avec les premières élections marquées sous le signe du multipartisme : il devient alors le chef de l’opposition.
Le 18 février 1992, alors que le pays est marqué par des manifestations étudiantes, le premier ministre Alassane Ouattara fait arrêter Laurent Gbagbo. Il est condamné à deux ans de prison, avant d’être libéré en août de la même année.
Habile vs. roublard
Son jour arrive le 26 octobre 2000 quand il accède à la présidence, dans des conditions de son propre aveu « calamiteuses », à l’issue d’un scrutin dont ont été exclus l’ex-chef de l’État Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara.
Ségogène Allemandou de france24