Capitaine Moussa Dadis Camara, ancien chef de la junte militaire, actuellement en détention dans le cadre des événements du 28 septembre 2009, n’a pas facilité la tâche pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel, s’orientant finalement vers une providence forcée. Sous sa responsabilité de chef de l’Etat d’alors, de nombreux Guinéens ont perdu la vie au stade du 28 septembre.
Loin de comparer deux situations aux origines différentes, le 5 septembre 2021, les Guinéens ont assisté à la prise du pouvoir par les armes d’un groupe de militaires dirigé par un jeune colonel [revenu au pays par amour pour la Guinée]. Le tombeur du président civil a su utiliser les mots et maux du peuple au moment opportun. Mais connaissant le passé douloureux de la Guinée, aucun intellectuel conscient ne pouvait aussitôt applaudir ce coup de force, les précédents ayant été des échecs accompagnés de souffrances.
Le Guinéen, fataliste, a pu se résoudre à cette prise de pouvoir par les militaires.
Les politiciens ont également facilité leur enracinement à cause de leurs multiples différends avec le pouvoir déchu. Personne n’a osé les condamner par précaution, tous étant convaincus que les militaires étaient venus parachever leur combat, sans se rendre compte que le loup venait de rentrer dans la bergerie.
Conséquence première, un retournement de situation qui s’explique par les chantiers ouverts par les militaires, dont la récupération des domaines spoliés de l’Etat. Cela a conduit à la perte du domicile de l’ancien chef de file de l’opposition sous Alpha Condé, transformé en une école fréquentée par des milliers d’écoliers. Il n’est pas le seul dans cette situation, l’homme politique Sidya Touré en est un autre exemple.
Sans omettre cet état de fait, il est important d’évoquer le cas des anciens dignitaires détenus dont les preuves tardent à venir. La presse est muselée, une déconvenue pour les patrons de médias qui avaient pourtant accompagné les militaires au départ, surfant sur des vagues d’espoir.
Aujourd’hui, le pays court vers la fin des 24 mois conclus entre la Cédéao et les autorités militaires pour le retour à l’ordre constitutionnel. Des points directeurs pour y parvenir sont loin d’être initiés. Officiellement, certains évoquent un manque d’argent. Les partenaires ne bougent pas non plus, peut-être convaincus de l’inopportunité des 10 points édictés par la junte pour un retour à l’ordre constitutionnel.
Le grand pavé dans la mare est la sortie du nouveau Premier ministre, annonçant un possible glissement de calendrier d’ici 2025. Pendant ce temps, le pouvoir militaire met en place les nouvelles délégations spéciales. Tout cela étire la durée de cette transition.
Le Général avait donné sa parole, via son porte-parole du gouvernement, de ne pas faire un jour de plus au pouvoir au terme de la date convenue avec la Cédéao. Mais, pour le naïf, c’est sans connaître les honneurs du pouvoir, surtout quand il est tenu par un militaire. À juste titre, feu Général Conté avait fait 24 ans au pouvoir. Mais à force d’aimer l’obscurité, on s’en finira d’être convaincu que rien n’est clair. Et cela pourrait être : 1 jour militaire, 1 jour candidat.
Karim Fall