S’il y avait plus d’attention de la part des hommes politiques guinéens concernant certaines qualités de débats publics, les propositions de l’Association guinéenne des économistes pouvaient être une source d’inspiration pour ceux qui ont la chance d’animer aujourd’hui la vie politique guinéenne. Avant une année de la tenue des élections communales, notamment au mois de juillet 2017, l’Association guinéenne des économistes avait proposé à l’ensemble des acteurs politiques de la Guinée des bonnes attitudes à adopter, certes qui pouvaient éviter au pays des pertes économiques énormes ; et avait même invité les citoyens a beaucoup plus de rigueurs dans le choix des élus locaux… Nous vous invitons à lire ce papier qui date du mois de juillet 2017.
Annoncée pour le 2 août les manifestations de l’opposition républicaine en vue de demander aux autorités la date des élections locales, la bonne gouvernance et plus de démocratie ; ces manifestations sont certes reconnues par la constitution mais nous exprimons nos inquiétudes par rapport aux conséquences sociales et économiques de celle-ci en terme de perte en vie humaines et de dégâts matériels des personnes privées et publiques.
A propos de ces élections, nous sommes convaincus que les lampions seront éteints sur des campagnes électorales avec des enjeux nationaux pour le moindre évidents car nous ne doutons pas aux vues de l’observation faite depuis plusieurs années sur la pauvreté du discours économique servi aux citoyens-électeurs et la non prise en compte des enjeux de développement et social lié à la gouvernance des collectivités locales.
Ainsi, force est de reconnaître que la question du troisième mandat et la défense des intérêts personnels dans le jeu politique national, de même que les querelles internes entre les acteurs politiques ont plus que brouillé les repères traditionnels des politiques et ont complètement envoyé au calandre grecque les problèmes de développement de nos communautés locales, qui font l’objet des demandes des consultations.
En ce qui concerne les bilans des délégations spéciales (quel soit de l’opposition ou de la mouvance) et les maires en activité, loin de procéder à une généralisation qui pourrait être abusive, la vérité est que, face à une rareté des ressources disponibles, la plupart des dirigeants locaux ont eu qu’une seule préoccupation.
Ils ont quasiment transformé tout l’espace communal en de vastes marchés avec une détermination tous azimuts afin de récolter quelques subsides additionnels. Accompagner d’une spéculation financière de grande envergure souvent dénoncé dans la presse nationale.
Quant aux acteurs politiques, l’enjeu, pour la majorité d’entre eux, c’est comment se positionner au niveau local, tromper les porteurs de voix et autres personnalités influentes de ces localités détourner les maigres ressources au profit de ses proches et militants dans le but de se constituer un fief et prétendre ainsi à des responsabilités au niveau national. Depuis plusieurs années, voilà le scénario qui a toujours fonctionné, et à grande échelle, ce qui explique en grande la pauvreté, la misère et l’absence de développement économique et social de nos collectivités locales.
Le bilan n’est vraiment pas fameux Sauf, peut-être, pour certaines collectivités locales qui ont pu négocier quelques accords de partenariats avec la coopération municipale internationale décentralisée… Pourtant, ce ne sont pas les opportunités qui manquent dans nos collectivités surtout avec les politiques de décentralisation qui ont transféré certaines compétences aux collectivités locales. Si grâce à une vision et stratégie responsable on peut mettre en place des équipes, plus tournées vers le devenir de leurs localités, il est parfaitement possible d’étudier les voies et moyens de promouvoir un certain développement économique et social dans les collectivités.
Ce développement passera nécessairement par la construction d’infrastructures communautaires répondant aux besoins vitaux des populations bénéficiaires, la recherche de nouveaux gisements de production, l’accompagnement et l’encadrement dans la conception et la mise en place de véritables projets structurants avec un fort impact économique et social.
Notre peuple a aujourd’hui plus que jamais besoins de plus d’économie, de social et de justice que de politique politicienne vu le retard honteux et inacceptable dans lequel se trouve notre pays malgré toutes les potentialités dont il dispose par rapport aux pays de la sous-région en particulier et ce depuis plusieurs décennies.
Pour atteindre ces objectifs et conscient ne peut se faire sans la participation effective des communautés il y a lieu de procéder :
– A associer les ressortissants véritablement intéressés à contribuer et la réflexion et la prise en charge des préoccupations de leurs communautés ;
– Procéder à une cartographie des ressources du sol et du sous-sol de la collectivité ; et
– Faire appel au secteur privé local pour favoriser l’exploitation consensuelle des opportunités économiques au bénéfice de toutes les populations et maintenir sur place une jeunesse tournée vers l’exode.
L’enjeu, c’est comment tendre vers une bonne gouvernance locale ?
Celle-ci nécessitera une forte volonté politique du véritable changement, la promotion d’une nouvelle vision et l’application d’une stratégie ambitieuse de développement économique et social et l’introduction de la gestion axée sur les résultats.
Il n’y a aucun complexe à regarder ce qui se fait de mieux à travers le monde surtout dans la région africaine pour profiter d’initiatives innovantes et d’idées nouvelles qui sont nécessaires pour impulser un véritable renouveau dans nos villes, communes, CRD ou il y a suffisamment d’activités de développement à faire.
Aujourd’hui la coopération décentralisée est d’actualité dans l’affectation des ressources des partenaires, il suffit donc d’un peu d’imagination pour monter de bons projets, sensibiliser les partenaires au développement et les ONGs nationales et internationales, collecter les financements et surtout s’engager à faire participer les populations bénéficiaires pour une appropriation réussie des projets en vue de leurs pérennités.
Bref pour réussir une politique de gouvernance locale il y a lieu de renforcer les prérogatives des pouvoirs locaux, mener une politique intelligente d’aménagement du territoire, rendre attractive nos collectivités en matière d’incitations fiscales et d’autres facilités dans le but de promouvoir l’investissement local et étranger le tout accompagné d’une politique de délocalisation d’entreprises et des initiatives privées.
Une gestion plus responsable, l’évaluation des impacts économiques et sociaux, la mise en œuvre de tous ces projets grâce à une volonté politique clairement affirmée l’instauration d’une compétition entre les différentes collectivités de notre pays pour favoriser une duplication des Succès stories dans les autres villes et communes. Ce sont là à notre avis quelques champs de réflexions pour un développement économique et social de nos collectivités.
Association Guinéenne des économistes