CONTRIBUTION – J’ai parcouru, avec émotion et sur fond d’une persistante clameur publique dont les réseaux sociaux ont le secret, la lettre formulant l’opposition d’un père de famille au mariage de sa fille avec un jeune homme, au motif que la famille n’a pas donné son consentement. Pas besoin d’être juriste pour prédire que, malheureusement ou heureusement, cette opposition ne saurait prospérer devant une juridiction guinéenne.
Que cela soit su : je ne m’oppose à aucune union ici, ni pour des considérations religieuses, identitaires ou économiques. Je m’intéresse juste au supplice d’un parent qui voit son enfant se marier sans son consentement, avec défiance, sarcasmes et risée populaire. Tous ceux qui ont fondé une famille peuvent simuler la douleur qu’ils ressentiraient de passer par cette épreuve. En effet, on ne fonde pas une famille que pour la descendance biologique ; il y a des valeurs auxquelles on croit qu’on voudrait voir se perpétuer dans sa progéniture.
En Guinée, toutes les normes de référence (Bible, Coran, tradition, morale) interdisent un mariage sans la bénédiction des parents. Cela peut être idyllique ou erroné, mais dans la très grande majorité, les gens y croient.
Sauf que dans leur code civil, la règle de droit qui régit le mariage dans le pays, les députés de la République, qui sont fils et pères, filles et mères, qui croient tous fermement en ces valeurs, ont voté comme une lettre à la poste des dispositions qui font fi de l’approbation parentale du mariage d’un enfant. Ils ont cru laisser cela au libre arbitre de l’enfant, comme cela se fait dans des sociétés agnostiques et libertaires, celles qui ont juré que la liberté de conscience ne saurait avoir de limite.
Ce mimétisme juridique, sur fond d’universalisme normatif, mine et menace notre société. Il guette, divise, s’impose désormais comme un dogme, à la place que nous refusons aux religions. Nos lois ne visent plus à régir les faits que vous vivons, les croyances que nous respectons, mais à faire évoluer nos sociétés dans l’ombre de certaines, vers le mirage d’autres. Or, les valeurs d’une société constituent ses racines pour sa solidité, ses repères pour son rayonnement, sa force pour son avenir. Peut-être qu’un jour, on le comprendra.