Interview avec Cheick Oumar TRAORE, le leader du PPL, l’actualité sociopolitique et économique au cœur des commentaires

Exif_JPEG_420

Depuis le Sénégal où nous l’avons pu joindre, le président du Parti de la Libération populaire (PPL), Cheick Oumar Traoré, est un jeune politique prodige, à cause de son sens de compréhension de la situation sociopolitique et économique de la Guinée. Par cet entretien, nous avons saisi l’occasion avec lui de poser toutes les questions liées à l’actualité récente de la Guinée, dont la déclaration de la politique générale du gouvernement et la fermeture des frontières… Interview !


 Bonjour M. Cheick Oumar TRAORE

Bonjour !

 Dans un contexte de pandémie mondiale de covid-19, le chef du gouvernement guinéen, Kassory Fofana a présenté de manière reluisante le tableau de bord de l’économie guinéenne lors de la déclaration de politique générale du gouvernement le 7 avril 2021, il a dénoncé le niveau faible de la mobilisation des ressources internes de l’Etat. Qu’est-ce que tout cela vous inspire ?

Cheick Oumar TRAORE : Permettez-moi une petite digression pour introduire cette interview : Je me dois de rendre un hommage vibrant au Président Maréchal Idriss Deby Itno qui a tiré sa révérence hier Mardi 20 Avril 2021.

J’avoue que c’est une portion importante du rêve africain qui vient de s’éteindre. L’Afrique est en deuil, le néo-panafricanisme est en deuil.

Je profite de l’occasion, au nom des membres et sympathisants du PPL, pour présenter mes condoléances les plus attristées au Peuple Tchadien et Africain.

Très bien, cette présentation reluisante dont vous parlez a montré l’état piteux vers lequel tend l’économie de la Guinée, et par la même occasion, j’avoue que le PM venait de mettre au grand jour la gestion calamiteuse qu’a été celle de son propre gouvernement.

Il est vrai que le Capital mondial dont est régie l’économie guinéenne a été récemment confronté au désordre dû à la pandémie de COVID-19, et qui s’en relève à peine de sa léthargie. Cependant la Guinée n’est pas le seul pays à être touché par cette pandémie. Alors comment est-ce que d’autre pays s’en sortent mieux que la Guinée ?

Personnellement je ne suis pas surpris de la situation économique actuelle de la Guinée, car elle est une suite logique de tout ce que le pays a connu récemment en terme de dilapidation des ressources financières lors de l’élection présidentielle, de manque de rigueur dans la gestion des affaires publiques, de cycle de violences perpétrées, de manifestations socio-politiques paralysant le climat des affaires, … Une économie déjà mal en point comme celle de la Guinée ne peut être soumise à de telles épreuves désastreuses sans s’effondrer.

 La Guinée continue dans la logique de la fermeture des frontières vis-à-vis de certains pays voisins, c’est le cas pour le Sénégal et la Guinée Bissau, quelle est votre appréciation du sujet ?

Cheick Oumar TRAORE : Il est vrai que c’est la Guinée qui ait unilatéralement pris la décision de fermer ses frontières avec certains pays voisins, le Sénégal notamment. Cependant, on peut techniquement remarquer que cette fermeture au jour d’aujourd’hui n’est plus entretenue par l’Etat de Guinée, mais celui du Sénégal et ses alliés.

Comme vous le savez, les menaces de déstabilisation, d’insécurité et le refus de ces pays de partager des informations sécuritaires, sont entre autres les raisons qui ont été évoquées par l’Etat guinéen. Donc, on peut comprendre aisément que c’est la Guinée qui s’est sentie menacée, qui s’est plaint et qui a lancé des cris de détresses avant d’ordonner la fermeture des frontières.

Pour moi, la culpabilité de ces pays voisins par rapport aux accusations de l’Etat guinéen est une évidence établie, si non les règles diplomatiques voudraient qu’ils réagissent face aux cris de cœur publics du Gouvernement guinéen, mais hélas.

Par ailleurs, j’avoue que je me sens très mal à l’aise lorsque j’entends le Président de la république lui-même et les hauts cadres guinéens, notamment, le PM et certains de ses ministres et le chef de file de l’opposition, interpeller directement l’Etat de Sénégal sur certains sujets d’intérêts communs et que ce dernier reste sans réagir.

A travers ces discours qui, à peine, fait réagir le Sénégal, nous avons comme l’impression que c’est l’Etat Guinéen qui est pressé quant à la réouverture des frontières avec le Sénégal.

De grâce, que les dirigeants guinéens fassent ce qu’ils ont à faire dans l’intérêt supérieur de la nation et cessent d’interpeler des pays dont les dirigeants ne leur accordent aucune considération.

Récemment, au plan international, l’Etat guinéen a eu des ennuis judiciaires, c’est par exemple des poursuites contre certains agents publics guinéens depuis Paris, soupçonnés de corruption dans les mines en Guinée, il y aussi l’actualité récente du Millenium challenge corporation (MCC) qui a recalé la Guinée n’étant pas éligible pour cette année 2021 pour remporter la somme colossale de plus de 500 millions de dollars US, dont la raison évoquée, est que le pays n’a pas obtenu les indicateurs démocratiques. Quelle explication donnez-vous à cela ?

Cheick Oumar TRAORE : Oui, j’ai été stupéfait et très triste d’apprendre que l’Etat de Guinée a été condamné par la cour d’appel de Paris en faveur d’une Entreprise Belge. Cela relance encore une fois le débat sur le niveau d’effondrement et de la débâcle de l’Etat guinéen.

C’est inacceptable que la Guinée soit convoquée non pas par un Etat mais par une Entreprise. Et de surcroits, condamnée par la cour d’appel d’un pays tiers.

Peu m’importe le dessous de cette affaire, je pense qu’il serait mieux pour cette cour de régler ses contentieux avec ces cadres corrompus et épargne la notoriété de la Guinée, car elle n’a ni la qualification, ni la légitimité requise pour condamner la Guinée.

Parlant du programme Millenium Challenge Corporation (MCC) dont la Guinée a été jugée inéligible. Il faut rappeler que le MCC est un programme américain matérialisé par un fond sous forme de prêt appelé Millenium Challenge Account (MCA) dans le but de booster la croissance économique et réduire la pauvreté.

Seuls les pays ayant fait d’énormes efforts en matière de la bonne gouvernance, de la promotion de l’initiative privée et de l’investissement dans les secteurs sociaux, sont éligibles à ce programme.

L’inéligibilité de la Guinée à ce programme est un indicateur qui interpelle l’Etat de Guinée afin qu’il revoit sa façon de gouverner.

La gouvernance actuelle de la Guinée n’est pas favorable au bien-être social. Avec un gouvernement politique, c’est-à-dire, plus concentré sur le présent que sur l’avenir, il est peu probable que l’acquisition de ce programme ait un impact sur la pauvreté, le climat des affaires. Je pense que c’est ce manque d’efforts préalables qui a motivé cette inéligibilité.

D’autre part, je voudrais attirer l’attention sur le fait que le MCA n’est pas un don, mais un prêt qui, quand il est mal géré peut rapidement se transformer en cauchemards et un fardeau pour la postérité.

Récemment en séjour à Abidjan, j’ai visité certaines institutions et j’ai pu avoir une idée du fonctionnement de ce programme. Du coup, je pense que le Gouvernement guinéen devrait encore faire plus d’effort en matière de démocratie, de la bonne gouvernance et plus de rigueur dans la gestion des affaires publiques avant de prétendre à un programme comme le MCC.

 Le sujet d’une possible augmentation du prix du carburant fait débat. Le Premier ministre a en profité lors de la déclaration de politique générale le 7 avril 2021 pour éclairer la position du gouvernement. Il a laissé entendre la perspective d’une hausse du prix du carburant. Cette décision est-elle juste et fondée ?

Cheick Oumar TRAORE : Sans vouloir blesser l’Etre de mes compatriotes guinéens, je pense que cette situation qui sera très difficile à vivre est bien fondée mais injuste.

Elle est fondée lorsqu’on porte un regard sur la situation économique du pays, tous les voyants sont au rouge, les partenaires financiers désintéressés et méfiants. L’Etat aurait un problème de mobilisation des ressources pour combler des déficits.

Dans cette situation l’Etat guinéen peut ne pas se désengager des subventions liées aux produits pétroliers dont le prix y est très abordable.

Par contre je déplore le fait que ça soit le Peuple qui supporte à chaque fois les dégâts des politiques de mal gouvernance. Ce n’est pas au Peuple de supporter les conséquences de leur dilapidation récente des ressources. Cela est injuste, car le Peuple n’est pour rien.

L’augmentation très prochaine du prix du carburant est une éventualité qu’il faut craindre et j’invite par conséquent le gouvernement prendre toutes les dispositions pour minimiser son impact sur le pouvoir d’achat du guinéen.

Par ailleurs, je veux profiter pour dire que le cout de la vie est trop bas en Guinée comparativement aux autres pays de la sous-région, et je pense que cette facilité excessive serait à l’origine de la faiblesse l’économie guinéenne. Quand la vie est assez moins cher, on ne travaille pas suffisamment pour acquérir des biens et services de qualité.

Le prix du carburant en Guinée n’est comparable à celui d’aucun pays voisin et du coup, tout est moins cher. Cette situation influence dangereusement la production du pays.

Si nous voulons être une grande nation, nous devons faire et supporter ce que font et supportent les grandes nations. On ne peut vouloir une chose et son contraire.

Je reviendrai sur ce sujet dans mes prochains articles de presse.

Je vous remercie !

 

 

Propos recueillis par la Rédaction

l'équipe de rédaction
Nous sommes un site d’informations du droit guinéen, créé dans le but d’apporter une valeur ajoutée au traitement correct de l’information générale. Une équipe dynamique est à votre disposition 24/24 !
error: Ce site est protéger par simer-gn !!!
tristique ut velit, eget venenatis, pulvinar id