Concluons en disant ironiquement que pour les femmes comme les pouvoirs, peu importe la taille. Mais, les pouvoirs semblent plus se méfier des centimètres et des prédictions. On s’imagine qu’ils sont nombreux aujourd’hui à se mettre sur la pointe des orteils pour paraître grands auprès du chef. Voyant la photo du gouvernement, je me suis rendu compte que beaucoup sont des nains à côté des 2 mètres et, sûrement plus, de ce dernier. Estimons que tous les courts ne soient pas concernés. Sinon les vendeurs d’échasses vont se frotter les mains.
Plus sérieusement, ce ne sont pas les balivernes d’un joueur de cauris qui créent la crise sociopolitique actuelle. Elles en sont juste le reflet.
Pourtant cette crise peut se résorber définitivement si nous changions de mentalités, d’approche et de vision.
Penser aux générations futures
Les générations des deux dernières décennies ont connu plus de conflits que de paix sociale : les mouvements estudiantins de 2006 ; « le massacre organisé » au pont du 8 novembre en janvier 2007 ; les horribles massacres du 28 septembre 2009 ; le triple quinquennat de 2010 à 2023 et bien d’autres.
La chaîne de violences est longue. Presque interminable. Hélas, elle ne semble pas vouloir s’arrêter. Pourtant, on peut y mettre fin en nous posant les bonnes questions, les vrais diagnostiques pour un remède efficace. Une lecture lucide de la réalité de notre époque pourrait nous apporter la solution.
En effet, personne n’a plus peur. Les vieux encore moins les jeunes. Tout se vit au même instant dans un monde devenu un village planétaire. Comment voulons-nous que des jeunes qui baignent virtuellement ou réellement dans la violence depuis leur naissance aient peur de qui que ce soit. De quoi que ce soit.
Tuez-les tous, d’autres naîtront, avait dit la mère d’un héros guinéen. Alors, arrêtons la guérilla qui s’est installée et commençons à se serrer la main ; à se regarder en compatriotes égaux. Une chose, faut-il oser le dire, qui a rarement été. Faisons appel à l’histoire. A notre histoire pour arriver à une paix durable.
Revisitons l’histoire
Revisiter l’histoire dans une perspective constructive, loin de tout révisionnisme, peut aider à comprendre ce qui est advenu de notre pays depuis 1958. Faisons donc appel aux faits.
Durant plus d’un demi-siècle, les liens entre Guinéens se fissurent. La cité a rarement été vivable.
La quiétude et la confiance s’envolent de jour en jour.
La spirale qui nous enserre, si elle perdure, mettrait en cause la République ; créerait, non plus des ghettos, mais un apartheid dans nos cités. Pire, elle risque de plonger, un jour ou un autre, la Guinée dans la même situation qu’ont connue des pays voisins.
Réfléchissons un peu. Sékou est parti, on a applaudi Conté. Ce second président arrivé, nous nous sommes mis à regretter le premier. Dadis a fait irruption et se prit pour Moïse. Nous l’accueillîmes en Sauveur. Désillusionnés, nous avons baptisé le Général-Président « Premier démocrate de Guinée ».
La parenthèse Konaté enfanta Alpha Condé qu’on a maudit dans toutes les langues. Aujourd’hui, beaucoup prendraient l’avion pour aller chercher le « Professeur-Président » du côté d’Ankara, dit-on.
Doumbouya pire qu’Alpha, prétendent certains aujourd’hui. Que dirions-nous demain si le tombeur de Condé apparaissait comme un enfant de cœur face à un autre éventuel successeur ?
Allons-nous continuer à accumuler regrets, larmes et sang ? Voudrions-nous qu’à chaque système pointe le pire ; surgissent les mêmes maux, les mêmes tares ?
Allons ! Stoppons la spirale de conflits, les ratages et les abus des pouvoirs personnels, les injustices et les discriminations.
Dé-piégions ensemble la transition pour qu’elle sorte la tête du guêpier où elle semble être enfermée. Comprenons donc que Doumbouya n’est que le reflet des ratages quasi séculaires que nous avons connus. Une excuse ? Certainement pas.
Des initiatives audacieuses s’imposent
Si dans un pays le mal succède au mal, la douleur et la souffrance entrent dans les mœurs, des rebuts des systèmes passés accaparent tout nouveau pouvoir, la faute ne peut être rejetée à une seule personne. Au seul nouveau pouvoir. Comme ses prédécesseurs, le système transitoire actuel est tributaire de ce qu’est la Guinée depuis l’indépendance.
Cette indépendance qui ne fit que chasser le colon blanc pour nous coller le colon noir. Les Kakis, bérets et brodequins de toutes tailles, de toutes couleurs, de tout acabit. Pas étonnant que l’histoire se répète à moins qu’on ne prenne des initiatives audacieuses, inédites et constructives.
Pour que la transition soit transitoire- et non permanente pour une fin inconnue-, il est nécessaire que soient posés de nouveaux actes. Des pas doivent être franchis. Les barrières doivent être levées. Il faudrait que les lignes entre les gouvernants et les populations se redessinent autrement. Prioritairement en faveur des citoyens qui ont été les cibles d’exactions des dernières décennies.
En clair, le meneur du coup de force du 5 septembre 2021 devrait s’adresser à la nation en annonçant des actes qui rassurent ses adversaires de l’intérieur et ceux qui se trouvent à l’extérieur.
Il devrait prendre son bâton de pèlerin et se montrer en vrai Rawlings pour rassembler les composantes de la Case-Guinée. En effet, qui couvre une case d’un côté et laisse l’autre dans sa nudité l’expose à l’inondation.
Les quartiers de la haute banlieue de notre capitale : Bambéto, Cosa, Hamdallaye, Wanindara etc. sont l’autre partie de la Case-Guinée exposée aux inondations : pas celles de l’eau mais celles des larmes et du sang, hélas.
Ces quartiers dits de l’Axe méritent bien autre chose que d’y aller pour prier les victimes de violences d’Etat. Il faut leur tendre la main ; faire preuve de compassion ; leur rendre justice.
Faut-il dire qu’une telle perspective n’est pas acquise à moins de corriger certaines carences au sein de l’appareil d’Etat lui-même.
Les réflexions, initiatives et propositions énoncées nous paraissent, en toute objectivité, face à la situation actuelle de notre pays et aux enjeux de demain, non pas une solution. Mais la solution.
S’il appartient à chaque Guinéen d’apporter sa brique à l’édifice, ce sont-là les réflexions de quelqu’un qui, depuis 2006, essaie de donner une lecture objective de la situation socio-politique de notre pays. Quelqu’un dont la devise est « Réussir la gouvernance pour reconstruire une Guinée bien abîmée par les hommes et les pouvoirs ».
Par Lamarana-Petty Diallo