Si pour certains députés le débat portant sur la prorogation du mandat de l’Assemblée nationale par un décret de l’exécutif « n’a pas de sens », mais par contre, Mohamed Lamine Kaba du parti, Force des Intègres pour la Liberté et la Démocratie (FIDEL), pour sa part, s’inquiète davantage de l’actualité, et n’hésite pas à affirmer qu’il « n’y aura plus d’autres élections dans ce pays d’ici la fin du mandat du président Alpha Condé ». Et si c’est le scenario possible qui pointerait à l’horizon, le glissement du calendrier électoral serait fort probable au-delà de 2020. (Entretien)
« Où est l’intégrité lorsque les députés s’arcboutent à l’Assemblée nationale après l’expiration de leur mandat ? », s’interroge Mohamed Lamine Kaba, faisant allusion tacitement à certains parlementaires qui se sont exprimés sur le sujet, notamment le président du RDIG, Jean Marc Telliano, qui avait dit clairement dans la presse qu’il ne quittera pas à l’Assemblée nationale et ne fera pas non plus « la politique de la chaise vide ». C’est idem aussi pour l’honorable Ousmane Gaoul Diallo de l’UFDG, qui s’est exprimé dans la presse ce jeudi au sujet de la prorogation de leur mandat, que ce qui est important pour eux à l’UFDG, c’est « d’amener le gouvernement à organiser les élections », et que le débat sur leur départ ou non du Parlement « n’a pas de sens ».
« Pourtant leur démission pouvait exercer une forte pression sur la nouvelle CENI et sur l’exécutif en vue d’organiser des nouvelles élections, donc retourner la souveraineté au peuple », estime pour sa part le vice maire de la commune urbaine de Faranah et président du parti Fidel, Mohamed Lamine Kaba.
« Où est le changement promis aux Guinéens lorsque les cadres démis de leurs fonctions pour faute de résultats se voient bénéficier des fonctions juteuses ? Pourtant, certains devraient se retrouver dans les prisons ou bénéficier des formations. Finalement, à quel saint se vouer ? »
« La bonne question qu’on puisse se poser, où se trouve l’intégrité, où se trouve la morale, lorsque les députés sont à la fin de leur mandat, c’est-à-dire ont un mandat expiré, et qui pensent qu’il faut encore rester pour continuer ou bénéficier un décret du président de la République en vue de proroger leur mandat. Je pense cela est contraire aux devoirs d’un député à l’Assemblée (…)
Le calendrier électoral est une date constitutionnelle, donc la logique voudrait que cela soit respecté. Comme le président Alpha Condé n’a pas pu respecter tout ça, la logique voudrait qu’il soit dénoncé par les députés à l’Assemblée nationale, mais ils ne le font pas, ils préfèrent la prorogation du mandat. Franchement, ce qu’ils (députés, NDLR) devraient faire, c’est de démissionner. Parce que les députés devraient retourner la souveraineté au peuple en démissionnant, à la fin de leur mandat. Ça pouvait être aussi une réelle pression sur l’exécutif ou sur la nouvelle Ceni en vue d’organiser les élections dans un bref délai. Mais vouloir bénéficier encore d’une prorogation à une date inconnue, montre à suffisance que d’ici la fin du mandat du présent Alpha Condé qu’il n’aura plus d’autres élections dans ce pays. C’est aberrant ! », regrette Mohamed Lamine Kaba.
A rappeler, dans un décret publié, vendredi 11 janvier 2019, le président Alpha Condé avait autorisé l’Assemblée nationale dont le mandat prenait fin le 12 janvier 2019 à minuit, à continuer ses activités jusqu’à l’installation d’une nouvelle législature.
Mamadou Dian Bah