À l’approche de la date fatidique de 2020, les débats se focalisent sur la limitation du mandat présidentiel. Au tempo également de l’orage. Ce sillage, (pour ou contre) fait les choux gras de la presse guinéenne, s’agissant du maintien ou non de l’actuel chef d’Etat guinéen, Alpha Condé au pouvoir, alimente aujourd’hui l’essentiel du débat politique en Guinée. Alors que les élections législatives tardent encore à s’organiser. Vu l’intensité des débats dans la cité, votre quotidien en ligne a souhaité volontiers faire intervenir l’écrivain, Souleymane Koïta, afin qu’il se prononce sur l’actualité du moment. (Entretien)
Vous êtes désormais écrivain de profession, au compteur, un roman. Intitulé : « la pitié dans le mortier ». Comment réagissez-vous aux débats politiques actuels portant notamment sur une nouvelle constitution dont le coup d’envoi n’est pas encore donné ?
Souleymane Koïta : Nous écrivains et les politiques avons presque les mêmes objectifs.
Les écrivains par les mots, dénoncent, critiquent en apportant propositions dans les secteurs divers de développement.
Les politiques par contre, se servent des actes.
Face à ce débat politique actuel lié à une prétendue révision de la constitution Guinéenne, il faut le dire, c’est le sciage de la démocratie.
Ce débat politique était prévisible déjà à la prise du pouvoir par la junte militaire au lendemain du rappel à Dieu du président Lansana Conté.
Dès lors que le CNDD ait dissout les institutions de la République, il fallait s’attendre à ce qu’on en train de vivre.
Au-delà de la problématique que font montre certains politiques proches de la mouvance présidentielle, la nécessité de revoir la constitution actuelle, à laquelle d’ailleurs l’actuel président de la République, Alpha Condé, a prêté serment, comment réagissez-vous de ceux qui disent que cette constitution aurait des défauts ?
Souleymane Koïta: Il est bien vrai que c’est à la constitution actuelle faite par le conseil national de la transition(CNT) qui remplaçait l’Assemblée nationale lors de la transition que l’actuel président de la République a prêté serment.
Est-ce qu’il fallait organiser les élections législatives pour que les députés votent une nouvelle constitution pour balayer celle du CNT ?
Dans ce cas, sa promulgation devait attendre à ce que la présidentielle élise le président de la 3ème République.
Il y a aussi des arguments de progrès avancés par les proches du président Alpha Condé. Qui laissent clairement entendre que, de laisser ce dernier finir ses chantiers, comment réagissez-vous à des telles allégations ?
Souleymane Koïta: Il faut féliciter le président de la République professeur Alpha Condé pour les progrès réalisés en un laps de temps, mais cet argument ne tient pas.
Ce qui tient et qui explique la révision de la constitution c’est le fait que cette constitution soit un produit du conseil national de la transition mis en place par un pouvoir illégitime.
Donc, elle doit être révisée, car elle n’a été votée par le peuple.
Quel est votre regard du « Front », la coalition des partis politiques et quelques acteurs de la société civile guinéenne, qui veut barrer la route contre toute possibilité de modification de la constitution permettant au chef de l’Etat actuel de briquer un autre mandat ?
Souleymane Koïta: Mon regard sur la coalition des partis politique contre la révision de la constitution est simplement d’affirmer que c’est la démocratie, c’est leur opinion.
Mais, j’aurai souhaité qu’on parle de société civile à sa place.
Les membres de ce front visent un intérêt politique, celui de libérer le fauteuil présidentiel en 2020.
Partout où il y’a front, c’est l’union des forces différentes pour défendre un intérêt des composantes.
Je pense que la société civile n’est pas contre le projet de révision de la constitution, elle sait bien qu’il est dit dans l’article 152 de la constitution que l’initiative de la révision de la constitution appartient concurremment au président de la République et aux députés.
En cette période de turbulence politique, que diriez-vous aux écrivains par rapport à leur implication personnelle dans la résolution des crises en Guinée ?
Souleymane Koïta : Je dirais tout simplement aux écrivains que nos cris ne doivent être vains et qu’il faut rappeler aux politiques la nécessité de s’écouter, s’entendre et s’accepter pour le salut de la République.
Votre mot de la fin ?
Mon mot de la fin, c’est de dire aux Guinéens de respecter la démocratie, d’éviter d’encourager les coups d’Etat qui nous créent toutes ces incompréhensions absurdes.
Propos recueillis par Moussa Diabaté