S’il a réussi sa mission auprès d’Alpha Condé qui consistait à pousser le leader de l’Ufr à fausser compagnie à l’opposant Cellou Dalein Diallo pour prendre place dans la galaxie présidentielle en qualité de Haut représentant du chef de l’Etat, l’ancien député uninominal de Kaloum est momentanément désavoué de ce parti dans lequel il s’était pourtant bien fixé (après avoir fondu son AFAG à l’Ufr en échange du poste de Secrétaire exécutif) pour être la carte de rechange crédible une fois la page du vieux crocodile de la politique guinéenne Sidya Touré tournée. Mais flop ! En lieu et place du croco Touré, c’est le jeunot ambitieux Baidy Aribot qui essuie l’humiliant coup de pied vers la sortie mercredi 20 février 2019.
Le vieux croco a certainement vu venir le danger pour décider de chipoter du Baidy et promouvoir à son poste de secrétaire exécutif l’un de ses apparatchiks le député Saikou Yaya Barry.
L’envers de la bataille gagnée contre l’ex-député de Kaloum – récompensé pour services rendus à Alpha Condé par le poste de Vice-gouverneur de la Banque centrale de la république de Guinée (Bcrg) – est que l’effet du coup de chicotte assené àAribot risque de coûter une hémorragie à l’Ufr qui a perdu une grande partie de son électorat lors de la conquête électorale de Kaloum aux municipales du 4 février 2018.
Même si le leader politique Sidya Touré est accusé à tort ou à raison d’être inconstant en alliance ou habité d’un esprit grippe-sous, il faut toutefois souligner qu’il lui reste encore des ressources humaines fidèles pouvant faire arrêter la saignée occasionnée par l’affaire Baidy. Le croco politique qu’il est a surtout acquis de l’expérience dans le marigot. La preuve par dix est que depuis quelques jours, il s’est refait une santé politique (bien que précaire) en prenant le contrôle de la direction de la Convergence de l’opposition démocratique (COD) rassemblant pour l’essentiel l’ancien Premier ministre sous le président Lansana Conté comme lui, le diplomate Lansana Kouyaté leader du Pedn et ancien Vice-président de l’alliance Rpg Arc-en-ciel, l’ancien ministre de l’Economie Dr Ousmane Kaba leader du Pades, le notaire Jean-Alfred Mathos leader de l’Upg (un modeste parti que dirigeait feu Jean-Marie Doré ancien Premier ministre sous la Transition version général Sékouba Konaté) et le farouche opposant à la malgouvernance actuelle Mohamed Lamine Kaba du parti Force des intègres pour la liberté et la démocratie (Fidel).
Certes, le relativement jeune Baidy Aribot va observer un temps avant de se relancer. Il a de beaux jours devant lui et peut conserver un enthousiasme intact. Ses soutiens voudront sans doute le porter à la tête d’une nouvelle formation politique à l’image de ce que certains fidèles supporteurs ont réussi avec l’ancien ministre de la Défense nationale l’avocat de renom Kabèlè Camara. Lui aussi peut toujours garder ses liens personnels avec Alpha Condé et continuer à se positionner pour rester influent en qualité de grand électeur lorsqu’il s’agira de mobiliser l’électorat basse-côtier. Et c’est là, qu’il y a fort à faire lors des législatives puis la présidentielle que lorgne Sidya Touré prédisposé à garder son manteau de faiseur de roi acquis en 2010 à défaut d’accéder à un second tour de cette compétition prévue en 2020.
Là aussi, attention ! L’éjection de Baidy Aribot pourrait coûter au parti de Sidya Touré quelques écorchures pouvant avantager le leadership montant du très astucieux Faya Millimouno – l’autre jeune loup de la politique guinéenne – bien parti pour implanter quelques fanions de son Bloc libéral (BL) dans le vivier électoral traditionnellement accommodé aux couleurs de l’Ufr.
Quoiqu’il en soit, le cas Baidy tonne comme un jeu de repositionnement sur le terrain de la concurrence politique féroce. Et si d’aventure Sidya Touré ne serait pas en mission de porter ombrage à Baidy Aribot mais de le brusquer officiellement afin de protéger ses intérêts du moment, et s’il s’avérait qu’il n’a pas été placé par le système Alpha Condé à l’effet de lancer des peaux de banane sous les pieds de l’opposition en prélude au très probable atterrissage d’Alpha Condé sur le terrain de campagne en faveur de son futur dauphin (puisqu’il y a lieu de noter que sous le régime actuel la plupart des acteurs du jeu politique sont abonnés au biberon du palais présidentiel), il n’y a donc pas lieu d’aller vite en besogne en le faisant porter le chapeau de trouble-fête.
Il faut plutôt se garder de médire ses faits et gestes, qui se présentent sous d’autres cieux comme un blasphème, afin de décrypter comme il se doit ce qui conduit certains animateurs politiques guinéens à se lancer dans la transhumance à l’approche de grands rendez-vous électoraux.
Assurément, la place occupée au sein de l’opposition par Sidya Touré en 2010 avant d’être porté Haut représentant d’Alpha Condé, était pour ainsi dire digne d’un leader constant.
Egalement la position de l’ancien ministre Makanéra Kaké au sein de l’appareil dirigeant du Rpg Arc-en-ciel et du gouvernement, puis griot de Cellou Dalein Diallo qu’il a quitté depuis peu.
Attardons-nous maintenant aux cas Baidy Aribot, Tibou Kamara et Ibrahima Kassory Fofana. Le premier a porté sur les fonds baptismaux le parti Alliance des forces d’avenir de Guinée (AFAG) et le mouvement Tout sauf Alpha (TSA). Il a nargué le régime en place qui a fini par faire de lui son émissaire. Le second est conseiller spécial à la Présidence et ministre en charge de l’Industrie. Avant d’être à cette fonction, il s’était mué en nègre de l’opposition au régime publiant des tribunes appelant à libérer le pays d’Alpha Condé devenu président autoritaire. Le troisième est devenu le Premier ministre d’Alpha Condé. Mais avant, il a anathématisé pendant longtemps Alpha Condé et le Rpg Arc-en-ciel pour finalement prendre l’option de dissoudre son GPT au sein du parti au pouvoir puisqu’il convoitait le poste de Premier ministre.
Ceci expliquant cela, faut-il maudire ou applaudir l’acte de Sidya? A Chacun son latin.
Par Le Populaire