Après la tenue des états généraux sur la décentralisation et du développement local à Conakry, à laquelle le chef de l’État lui-même avait présidé au Palais du peuple le 14 février dernier. Ce samedi 16 février 2019, les nouveaux élus locaux (maires), les préfets et gouverneurs de régions, se sont donné rendez-vous au Palais Sékhoutouréya pour remercier le président Alpha Condé. Une visite au cours de laquelle le président guinéen a profité pour critiquer ses opposants sans les nommer. « C’est inutile d’aller voir des pays à l’extérieur. Personne ne dictera au gouvernement guinéen ce qu’on doit faire… lisez l’extrait de son discours !
« Nous voulons que les Guinéens sachent, aucun pays ne peut se développer sans le travail. Seul le travail est la principale valeur qui change un pays. Bon, nous avons vécu des années et des années dans cette paresse. Il est plus facile de transformer le matériel que la mentalité (…) on est indiscipliné, on ne respecte pas la loi, on règle les comptes. On appréhende un voleur, on doit l’amener à la gendarmerie, on le frappe à mort (…)
Tant qu’on ne lutte pas contre la pauvreté, on ne pourra pas résoudre les autres problèmes. Nous, nous allons nous battre pour les résoudre. Vous aussi, vous avez le devoir d’éduquer aux citoyens, de leur faire comprendre que les problèmes doivent se régler en discussion non pas en affrontement. Parce que la tête d’un homme ce n’est pas l’épaule quand vous coupez ça ne revient pas.
Moi, je suis président de la Guinée, de tous les Guinéens. Je ne regarde pas qui a voté pour moi ou qui n’a pas voté pour moi. Je travaille pour mon pays. Mais, j’ai été clair. Je n’accepterai plus la pagaille. Je néglige la sécurité, maintenant je néglige plus la sécurité. Les gens peuvent manifester mais je n’accepterai plus qu’on casse un véhicule. Qu’on mette d’huile sur les rues. Ça, c’est fini. Quiconque le fait sera puni. Mais on dit que la France est la mère de la démocratie. Mais la France vient de voter la loi anticasseur. Alors pourquoi nous, nous allons permettre que les gens cassent, si le pays qui est considéré comme la mère de la démocratie prenne des dispositions. Cela doit être très clair. On n’a pas déjà de belles maisons. Si le peu qu’on a on casse. On va devenir quoi ? nous ne sommes pas des animaux. Nous voulons vivre avec des règles précises.
La démocratie, c’est votre droit. Mais aussi ce n’est pas de piétiner le droit de l’autre. Chacun doit respecter le droit de l’autre (…) désormais nous allons mettre des mesures rigoureuses. C’est pourquoi nous avons mis des PA partout là où y a la pagaille. Partout il aura la pagaille en Guinée nous allons mettre le PA.
Désormais les forces de l’ordre auront l’obligation de maintenir l’ordre pour que les populations puissent vivre dans la paix et la tranquillité. Que personne n’ait peur de sortir la nuit. C’est pourquoi nous allons sortir la BAC (Brigade anti criminalité). Mais les BAC, ce n’est pas le maintien d’ordre. BAC, ce sont les gens qui sont armés. Parce que les grands bandits sont armés. Je ne vais pas envoyer mes militaires, mes policiers contre des gens qui ont les armes de guerre les mains nues. Donc en ce moment-là s’ils tirent eux aussi tireront. Ça, ce n’est pas une question de démocratie ou pas. Je ne vais pas accepter que les bandits tirent sur mes militaires et policiers que nous sommes en démocratie. Parce que ce sont les bandits de grand chemin (…)
Moi honnêtement ce qui m’intéresse c’est ce qui va changer les conditions du peuple de Guinée. C’est le peuple de Guinée qui m’a élu. Les gens peuvent dire ceux qui veulent à l’extérieur, c’est leur problème. Moi je tiens compte de ce que le peuple de Guinée dit. Le reste là vraiment c’est leur problème. Ils ne m’ont pas élu. Tant que le peuple de Guinée veut quelque chose je fais. S’il ne le veut pas, je recule. Donc c’est inutile d’aller voir des pays à l’extérieur. Personne ne dictera au gouvernement guinéen ce qu’on doit faire. Ça, c’est très clair (…)
Propos recueillis par Alassane Diop